Le Pont de Malzéville
20 juillet 2013 Laisser un commentaire
Le Pont de Malzéville qui sépare le faubourg de Saint Fiacre de ce Village a été construit sous le règne de RENÉ II en 1498, selon l’Auteur de la Chronique manuscrite de Lorraine qui dit à ce sujet ; L’an 1498 fut faict le Pont de dessus la rivière près de Margéville.
A gauche, en allant de Nancy à Malzéville, sur le parapet de la première arche au-dessus du lit de la rivière, il y a une pyramide quadrangulaire, au haut de laquelle est placée une statue de grandeur naturelle, représentant le Sauveur du monde.
Sur sa base est un cadre de pierre, au-dessus duquel est l’écu gravé de Lorraine, et dans l’intérieur du cadre cette Inscription en lettres gothiques :
L’an mil vè et ung, tesmoing ce codicile,
Feu très-victorieux RENE, Roi de Sicile,
Très-amé Prince et Duc de Lorraine et Barrois
Fit ce Pont ériger pour affranchir charrois,
Tout homme et bestial qui tributeur estoit
A la Nef que cy-près pour son tribut guettoit;
Tant eust le bien publique recous, chier
Qu’on ne le pourroit dire ou par escript couchier.
L’on tient RENE pour mort, en ce disant, langue erre;
Car sans fin vit son nom par sa triomphante guerre.
O Dieu doulx et clément saulve son esperit !
Prince qui Dieu seul crainct, à jamais ne périt.
Sire doncq qui les preulx nudz de vices au ciel armes,
Accepte pour RENE nos prières et nos larmes.
Il paroit que cette inscription n’a été faite et gravée qu’après la mort de ce Duc décédé le 10 décembre 1608, et que la date de 1501 est celle de l’année en laquelle ce Pont a été achevé. Il a beaucoup souffert des inondations de 1717 et 1744 qui emmenèrent deux de ses arcades. Après la construction des Ponts d’Essey, il avoit été décidé que celui de Malzéville seroit démoli. Les habitants de ce Village prévoyant le dommage qu’ils en souffriroient, s’offrirent de faire à leurs dépens les réparations nécessaires pour en conserver l’usage; ce qui leur a été accordé.
Un homme de loi très-instruit de nos coutumes, et fort soigneux de recueillir toutes les anecdotes de notre Province, sachant que nous allions imprimer ce qui concerne le Pont de Malzéville, nous a demandé si nous savions ce qu’il a coûté. Lui ayant avoué notre ignorance à ce sujet, quelque soin que nous ayons pris pour l’apprendre, il nous a montré la note suivante tirée de l’Inventaire du Trésor des Chartres, Layette I. Nancy, N°81, par l’Auteur qui a écrit sur la Statistique de cette Province, portant ce qui suit :
– Marché fait les 19 et 21 Décembre 1499, en présence de RENÉ II Duc de Lorraine, du Batard de Calabre, des Sgrs de Valengin Sénéchal de Lorraine etc. à Jean Wautier et Jacob son frère, maçons, pour faire un Pont de pierre sur la rivière Meurthe à l’endroit de Malzéville, et ce pour la somme de 1600 frans de Lorraine, et 10 frans de vin, dont ils recevront 600 frans comptans, 400 frans à Pâques, 400 francs à la Pentecôte, et les 200 frans restans, quand le Pont sera achevé; promettant lesdits maçons d’accomplir ledit Pont pour la S. Rémy suivante, et s’y obligent en donnant sûreté (caution).
(« Cette somme étant dérisoire et la taille du pont très imposante, puisqu’il était un des plus long de toute la Province, cet ouvrage ne pouvait donc être réalisé en 7 mois pour un prix si bas. J.J. LIONNOIS, après avoir justifié des monnaies de Lorraine et des mesures du Pont s’est donc rendu à la Chambre des Comptes pour « être informé de la vérité » et voici l’erreur expliquée ci-après. ») – NDLR.
Or, la minute du marché, en citant les mêmes noms du Prince, des Témoins et des maçons chargés de l’ouvrage, et du terme où il doit être fini, nous apprend, conformément à la chronique citée ci-devant, que ce pont commencé long-temps auparavant, n’avoit plus que 3 arches à faire, et sans doute les plus basses du côté de Malzéville; 2° que le Prince abandonne aux ouvriers les pierres qui étoient sur place restantes de l’oeuvre commencée; s’engageant à faire à ses frais les épuisemens, et à fournir toute la pierre, la chaux, le sable et jusqu’aux bois nécessaires pour les cintres de ces trois arches.
De sorte que ce n’est qu’une main d’oeuvre d’une très-petite partie de ce pont, dont la construction entière a coûté dans le temps à-peu-près ce qu’il auroit été payé encore en 1788. C’est ainsi que des auteurs estimables, d’après les titres qu’ils croient indubitables, pour ne les avoir pas examinés d’assez près, propagent, sans s’en douter, l’erreur qui devient universelle.
Source : HISTOIRE DES VILLES VIEILLE ET NEUVE DE NANCY, Depuis leur fondation jusqu’en 1788, 200 ans après la fondation de la Ville-Neuve;
par le Sieur J.J. LIONNOIS, Prêtre, premier Principal du ci-devant Collège de l’Université, et Doyen de la Faculté des Arts de Nancy – Tome Premier – AN XIII – M. DCCCV.
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