Faubourg des Trois-Maisons
19 juillet 2013 3 commentaires
Nous avons dit que S. Dizier autrefois chef-lieu de Nancy, étoit devenu par la succession des temps l’un des faubourgs de cette Ville. Il étoit situé depuis le Pont de Malzéville, la Porte de la Craffe ou Notre-Dame jusqu’au chemin qui conduit à Laxou, et comprenoit celui qu’on nomme aujourd’hui de Boudonville, des Trois-Maisons, Thurique, etc.
Ce faubourg fut ruiné par les ordres du Duc CHARLES III , afin comme il le dit, de ne pas rendre la fortification de Nancy illusoire, et de résister à une armée de 40.000 Allemands que le Roi HENRI III avait fait venir de leur pays à son secours. Cette armée fut défaite par le Duc de Guise, après avoir passé le Madon au Pont-S.-Vincent, le 8 septembre 1597.
Selon D. Calmet, S. Dizier avoit aussi le nom de Boudonville. Car l’Empereur Othon, dans la confirmation qu’il fit des biens de l’Abbaye de Bouxières-aux-Dames en 963, y exprime la Chapelle de Boudonville dédiée à S. Dizier : Capellam Bodonis-Villae, dicatam in honore Sancti Desiderii; et que S. Gérard, Évêque de Toul confirma à la Chapelle de Boudonville, consacrée à S. Dizier, à cette Abbaye de Bouxières.
Il sembleroit que S. Dizier comprenoit deux parties; la première et la plus ancienne, située où est encore aujourd’hui Boudonville, qui a conservé son antique dénomination; la seconde rassemblée autour de l’Église, et qui a pris le nom de S. Dizier auquel la Paroisse étoit dédiée; comme le faubourg qui y est aujourd’hui, s’appelle S. Fiacre, du Saint auquel la nouvelle Paroisse est consacrée, quoique Boudonville qui est de sa dépendance soit beaucoup plus ancien, et ait été beaucoup plus considérable jusqu’au milieu de ce siècle.
En effet il n’y a pas encore long-temps que ce nouveau faubourg situé hors de la Porte Notre-Dame, n’avoit que trois maisons, d’où lui est venu le nom des Trois-Maisons, sous lequel il est plus connu du peuple que sous celui de S. Fiacre. Les maisons s’étant augmentées de ce côté de la Ville, sous le règne de Léopold, on y fit bâtir une Église dédiée à S. Fiacre, Patron des Jardiniers, et à S. Vincent, patron des Vignerons, lesquels composoient la plus grande partie des habitants de ce quartier; et on la fit construire dans l’endroit même où étoit anciennement celle de S. Dizier.
Cette Église fut d’abord unie à la Paroisse Notre-Dame dont elle étoit comme l’annexe, et etoit administrée par un Prêtre de la Maison de l’Oratoire de Nancy, qui pendant quelque temps étoit assez nombreuses en Prêtres. Mais les sujets étant devenus plus rares dans la Congrégation , le Curé de Notre-Dame la fit desservir par un Prêtre séculier jusqu’en 1771, que M. Drouas, Evêque de Toul, sur la demande des Paroissiens, l’érigea en Cure le 5 mai, et y nomma Mr. Mollevau, premier Curé, Prêtre séculier, qui l’a possédée jusqu’à la révolution. Depuis le rétablissement du Culte catholique, M. d’Osmond, Évêque de Nancy, a nommé à cette Église comme succursale, M. Thiery, Prêtre séculier, ancien Vicaire et Marguillier de la Paroisse S. Epvre de Nancy.
Jusqu’en 1771 que l’Eglise de S. Fiacre étoit unie à la Paroisse Notre-Dame, les Filles de la Charité de cette paroisse prenoient soin des pauvres de ce faubourg, leur fournissant les remèdes et autres secours nécessaires, comme ne faisant qu’une même Paroisse avec celle de la Ville.
Mais depuis 1779 on a bâti une belle maison qui a de très-vastes jardins pour une Charité particulière à ce faubourg, où des Religieuses de S. Charles de Nancy comme en la Paroisse Notre-Dame, sont chargées d’enseigner les filles, de visiter les malades, et de leur porter tous les secours nécessaires dans leurs maladies et infirmités. M. l’Abbé de Ravinel, Chanoine de la Cathédrale-Primatiale, si connu par ses abondantes aumônes envers les prisonniers, a donné une somme de 60.000 pour bâtir et doter cette nouvelle maison des pauvres.
Ce faubourg s’étend depuis les Tanneries près des Grands Moulins, où un ruisseau le sépare du faubourg S.Pierre, jusqu’à l’Étang S. Jean, où cet Étang avec le ruisseau qui vient du moulin de l’Ané, le divise de cet autre côté dudit faubourg S. Pierre. Outre le faubourg des Trois-Maisons, ou de Saint Fiacre, qui est très-considérable par le nombre de ses habitants qui, selon le dénombrement de l’an 1777, étoit de 2.273 âmes, il comprend encore Boudonville, Turique, Notre Dame-des-Anges, et plusieurs autres maisons de plaisance très belles tant pour les jardins que pour les eaux. Nous ferons connoître quelques-unes des principales.
Source : HISTOIRE DES VILLES VIEILLE ET NEUVE DE NANCY, Depuis leur fondation jusqu’en 1788, 200 ans après la fondation de la Ville-Neuve;
par le Sieur J.J. LIONNOIS, Prêtre, premier Principal du ci-devant Collège de l’Université, et Doyen de la Faculté des Arts de Nancy – Tome Premier – AN XIII – M. DCCCV.
C’est très bien fait et très instructif.
Merci, et n’hésitez pas également à voter et à partager nos articles pour encourager plus de lecteurs à participer en nous transmettant des informations et des photos !
Très intéressant…