Le faubourg de Boudonville
25 août 2012 Laisser un commentaire
De la rue de Metz plusieurs chemins conduisent au charmant faubourg de Boudonville, dont le nom (Bodonisvilla) est mentionné dès les temps carlovingiens : un seigneur austrasien, appelé Bodon, peut-être l’évêque de Toul Bodon-Leudin lui même (667-678), y avait une villa autour de laquelle se groupèrent successivement d’autres maisons de campagne, puis des usines où se forgeaient des armes et des engins pour l’artillerie.
Boudonville, avec ses eaux limpides, qui venaient alimenter les fontaines de la ville vieille et arroser ses rues; avec ses jardins et ses bosquets, avec le panache de forêts qui ombrageait ses collines; Boudonville était jadis un vallon délicieux où allaient chercher la fraîcheur, pendant l’été, les citadins opulents.
Christophe de Bassompierre, le père du célèbre maréchal, y avait une de ces habitations champêtres, dans laquelle se tint, en 1584, la première assemblée de la Ligue. Parmi ces habitations, les plus belles, au siècle dernier, étaient celles d’Auxonne et de Monbois. La dernière avait été érigée en fief pour le procurateur général Thibault, jurisconsulte et littérateur; et ce fut là, que l’abbé Pelet de Bonneville composa sa traduction de Sénèque.
Sur le versant de la hauteur qui domine, à droite, le vallon, on voit la Croix-Gagnée, petit monument votif érigé par un des soldats qui accompagnèrent le duc Antoine dans sa guerre contre les Rustauds. Ce lieu était autrefois fréquenté par les pélerins et les promeneurs, avant que les crêtes de Boudonville eussent été dépouillées de leurs bois.
Le chemin de fer, en y traçant sa route, en a aussi singulièrement changé la physionomie agreste : beaucoup de ses jardins ont été impitoyablement détruits, et l’on vient encore d’en raser un certain nombre pour niveler l’emplacement que doit occuper la manufacture de tabac.
Source : Promenade dans Nancy et ses environs (1866) – Henri LEPAGE.
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